L’origine de la crise des écoles catholiques au Liban, bien avant la catastrophe économique

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Le système éducatif catholique au Liban traverse aujourd’hui une période sombre, avec des défis majeurs mettant en péril sa pérennité. Une crise qui n’a pas seulement débuté avec l’effondrement économique du pays en 2019, mais qui trouve ses racines dans une décision politique prise dès 2017, et qui a frappé de plein fouet les écoles catholiques. Ce n’est pas simplement une crise passagère, mais un problème structurel bien plus profond. À l’origine, la loi n°46/2017 a agi comme un catalyseur d’une situation déjà fragile, menant le secteur à un point de rupture.

La loi n°46/2017 : Une décision fatale pour les écoles

Promulguée en août 2017, la loi n°46 visait à revaloriser les salaires des enseignants du secteur privé, avec l’ambition de les aligner sur ceux du secteur public, un objectif qui semblait tout à fait légitime. Cependant, la loi a été accompagnée de mesures financières très lourdes : une nouvelle grille salariale, des augmentations substantielles des salaires et des charges sociales accrues, le tout avec effet rétroactif. Ce qui semblait être une avancée pour les enseignants du privé a, en réalité, plongé les écoles privées, et particulièrement les écoles catholiques, dans une impasse financière.

Les écoles catholiques au Liban, qui fonctionnent pour la plupart sans subventions publiques et se financent principalement par les frais de scolarité, se sont rapidement retrouvées dans une situation insoutenable. La hausse des salaires des enseignants n’a pas été compensée par des subventions étatiques, et les écoles, particulièrement celles situées dans les zones rurales, ne pouvaient pas augmenter leurs frais de scolarité en raison de la situation socio-économique de leurs familles d’élèves. Dans certains cas, des parents ont même saisi la justice pour bloquer ces hausses, paralysant davantage les établissements. Les écoles étaient prises entre deux feux : d’un côté, des enseignants en droit de réclamer des augmentations salariales, et de l’autre, des familles incapables de payer.

La crise économique : l’ultime coup de grâce pour les écoles chrétiennes

Bien que la loi de 2017 ait déjà créé des fissures profondes dans le système éducatif privé, c’est la crise économique et financière qui a frappé le Liban dès 2019 qui a précipité la chute des écoles catholiques. La dévaluation de la livre libanaise, l’inflation galopante et la montée en flèche du coût de la vie ont mis un coup d’arrêt brutal à l’accès à l’éducation pour de nombreuses familles libanaises. Beaucoup ne sont plus en mesure de payer les frais de scolarité, et les écoles se retrouvent dans l’incapacité de maintenir leur personnel ou leurs infrastructures.

Les écoles catholiques, qui ont toujours été un pilier fondamental du système éducatif libanais, se sont retrouvées à la merci de décisions politiques mal pensées et d’un soutien institutionnel inexistant. L’État libanais, qui aurait dû prendre en charge une partie des charges financières imposées aux établissements privés, est resté silencieux et absent. Aucune subvention publique n’a été accordée, et les écoles privées ont dû gérer la crise par elles-mêmes, sans soutien réel de l’État.

L’avenir de l’éducation catholique au Liban : un espoir encore mince

Le système éducatif catholique au Liban, qui a toujours joué un rôle central dans la formation des jeunes générations, est aujourd’hui au bord de l’effondrement. L’absence d’une vision à long terme de la part des autorités libanaises a conduit à une détérioration des conditions d’enseignement, avec des écoles qui ferment leurs portes ou ne peuvent plus offrir une éducation de qualité.

Il est essentiel que la communauté internationale prenne conscience de cette situation et apporte un soutien urgent aux écoles catholiques. Si l’aide extérieure, qu’elle soit d’ordre financier ou logistique, ne vient pas en renfort, ces institutions, qui ont été un vecteur d’éducation et de pluralisme pour des générations, risquent de disparaître, laissant derrière elles un vide éducatif que le pays aura bien du mal à combler.

Les écoles catholiques, en tant que bastions d’une éducation inclusive et pluraliste, sont aujourd’hui les victimes silencieuses d’un système politique et économique qui les a condamnées à disparaître. Pour préserver l’avenir des jeunes générations libanaises et maintenir cette richesse éducative, un engagement de solidarité internationale est plus que jamais nécessaire.

Une responsabilité partagée

Les défis auxquels font face les écoles catholiques au Liban ne concernent pas uniquement le pays, mais bien la communauté internationale. Soutenir l’éducation au Liban, c’est soutenir l’avenir de toute une nation. C’est pourquoi l’ONG Jeunesse du Levant s’engage à œuvrer aux côtés des institutions éducatives pour préserver ce patrimoine éducatif et pour garantir un avenir meilleur aux enfants et jeunes adultes du Liban. Il est urgent d’agir, car l’éducation n’est pas seulement un droit fondamental, mais aussi un levier de transformation pour l’avenir.

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