La répression des chrétiens d’Iran

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Tandis que les bombardements et les menaces de guerre occupent les projecteurs médiatiques, un autre conflit, plus silencieux, se joue à l’intérieur des frontières iraniennes : celui contre la liberté religieuse, et en particulier la répression contre les convertis au christianisme.

Officiellement, la Constitution iranienne reconnaît les chrétiens comme minorité religieuse, aux côtés des juifs et zoroastriens. Mais cette reconnaissance ne s’applique qu’aux communautés historiques — principalement arméniennes et assyriennes — à condition qu’elles ne cherchent pas à évangéliser. Les chrétiens d’arrière-plan musulman, eux, ne bénéficient d’aucune protection, car la conversion de l’islam à toute autre religion est considérée comme une apostasie, un crime punissable de mort selon la loi islamique.

En 2024, plus de 260 ans de prison au total ont été infligés à 96 convertis pour des motifs liés à leur foi. Et 2025 poursuit cette tendance : des arrestations de groupe sont signalées à Téhéran, Ispahan et Chiraz. Certaines peines vont jusqu’à 15 ans pour « propagande contre l’État » ou « mise en danger de la sécurité nationale », des accusations souvent utilisées pour dissimuler une persécution religieuse.

Les services de renseignement iraniens, plus actifs que jamais actuellement, assimilent les chrétiens persanophones à des agents potentiels de l’étranger. Les réunions de prière en maison sont infiltrées. Les Bibles en persan sont interdites, les dons étrangers bloqués ou confisqués, les comptes bancaires gelés. Les convertis arrêtés sont privés d’avocats indépendants, parfois torturés, et leurs familles menacées.

En décembre 2024, une femme enceinte et deux hommes ont été condamnés à un total de 42 ans de prison pour avoir organisé des réunions chrétiennes à domicile. En avril 2025, une autre vague d’arrestations touche une quinzaine de croyants dans la province du Fars. Leurs téléphones, ordinateurs et livres ont été saisis sans mandat.

Depuis 2024 et davantage encore depuis l’escalade des dernières semaines, l’Iran est plongé dans une guerre de haute intensité avec Israël, marquée par des frappes aériennes, des cyberattaques et des tensions avec les alliés des deux camps. Ce conflit externe exacerbe la paranoïa interne : les minorités religieuses, en particulier les chrétiens et les bahaïs, sont vues comme des « cinquièmes colonnes », des relais de l’Occident ou d’Israël.

“Nous sommes accusés d’être des espions simplement parce que nous prions en persan et croyons en Jésus”, confie un chrétien converti iranien réfugié en Turquie.

Le gouvernement renforce la surveillance numérique, contrôle les messageries cryptées, et surveille les transferts d’argent internationaux. Les Églises souterraines craignent que le contexte actuel ne serve de prétexte à une nouvelle vague de répression massive, sous couvert d’ »unité nationale en temps de guerre ».

  • Convertis estimés : entre 300 000 et 3 millions, selon les ONG (Open Doors, Article18, Middle East Concern).
  • Classement mondial de persécution : 8ᵉ pays le plus dangereux pour les chrétiens (Open Doors 2025).
  • Indice de liberté religieuse : 0/4 (Freedom House).

Malgré la peur, les arrestations et la pression sociale, la foi chrétienne ne cesse de grandir en Iran. Les Églises en maison continuent d’exister en réseau, en ligne ou via des rencontres très discrètes. L’espérance en Christ, disent beaucoup de convertis, leur donne la force de tenir dans l’épreuve.

Par ailleurs, la diaspora chrétienne iranienne se mobilise dans le monde entier pour alerter, témoigner et prier. En Occident, des associations de défense des droits humains appellent à une pression diplomatique plus forte sur le régime iranien, mais les enjeux géopolitiques actuels (guerre, nucléaire, pétrole) rendent toute action concrète difficile.


En 2025, être chrétien en Iran n’est pas un choix anodin. C’est souvent une condamnation sociale, parfois judiciaire, et dans certains cas, une mise en danger directe. Mais pour ceux qui font ce choix, c’est aussi un acte de foi radical, une lumière dans les ténèbres d’un régime qui redoute plus que tout la liberté intérieure.

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