
Dans la soirée du 22 juin 2025, un tragique attentat a frappé l’église Mar Elias, située dans le quartier de Dwelaa à Damas, capitale de la Syrie, secouant une communauté déjà fragilisée par des années de conflit. Un kamikaze, présumé affilié à l’organisation État islamique (Daech), a ouvert le feu sur les fidèles réunis pour une prière avant de déclencher une ceinture explosive à l’intérieur de l’édifice, causant un carnage. Cet acte de violence, survenu en pleine célébration religieuse, a profondément choqué la population syrienne et la communauté internationale.
Un bilan lourd et des témoignages bouleversants
Selon les premiers rapports des autorités syriennes et de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’attaque a fait au moins 15 morts et plus de 80 blessés, dont 30 dans un état grave. Certains témoignages, comme celui du photojournaliste Santiago Montag, font état d’un bilan encore plus lourd, avec des estimations atteignant 25 morts. « Je passais dans la rue lorsque la bombe a explosé. J’ai pu constater au moins dix morts dans l’église », a-t-il déclaré, encore sous le choc, à L’Orient-Le Jour. Des vidéos circulant en ligne montrent des scènes de panique, avec des fidèles fuyant l’église en ruines tandis que les secours s’efforçaient d’évacuer les victimes.
La télévision d’État syrienne a rapporté que les forces de sécurité ont immédiatement bouclé le quartier de Dwelaa pour sécuriser la zone et faciliter l’intervention des ambulances. L’OSDH a souligné que l’église Mar Elias, l’un des principaux lieux de culte chrétiens de Damas, était un symbole de la présence historique des chrétiens en Syrie, rendant cet attentat particulièrement significatif.
Un contexte de tensions et de fragilité
Cet attentat intervient dans un contexte particulièrement instable en Syrie, quelques mois après la chute du régime de Bachar el-Assad, renversé le 8 décembre 2024, et l’arrivée au pouvoir d’une coalition de rebelles islamistes menée par Hayat Tahrir al-Cham. Depuis ce changement de régime, les minorités religieuses, notamment les chrétiens et les alaouites, expriment des inquiétudes croissantes face à la montée de l’influence des groupes islamistes radicaux. Cet attentat semble confirmer ces craintes, visant directement une communauté chrétienne déjà vulnérable, qui représente environ 2% de la population syrienne.
L’attaque rappelle d’autres actes de violence ciblant les chrétiens dans la région, comme l’attentat de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul au Caire en 2016, où 27 personnes avaient perdu la vie. Bien que Daech n’ait pas encore officiellement revendiqué l’attaque de Damas, plusieurs sources pointent du doigt ce groupe terroriste, connu pour ses attaques contre les minorités religieuses dans la région.
Réactions et implications
La communauté internationale a rapidement condamné cet acte barbare. Aucun communiqué officiel de gouvernements étrangers n’a été publié au moment de la rédaction de cet article, mais des messages de soutien affluent sur les réseaux sociaux, exprimant une solidarité avec les chrétiens syriens reflétant l’émotion suscitée par cet événement tragique.
Cet attentat soulève des questions sur la sécurité des minorités religieuses en Syrie dans ce nouveau paysage politique. Les chrétiens, déjà éprouvés par des années de guerre civile, de déplacements forcés et de persécutions, se retrouvent une fois de plus dans la ligne de mire. L’OSDH indique qu’une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’attaque et identifier les responsables, mais l’absence de revendication formelle complique pour l’instant les investigations.
Une communauté résiliente face à l’horreur
Malgré la douleur et la peur, la communauté chrétienne de Damas, soutenue par d’autres groupes confessionnels, a déjà montré par le passé une résilience remarquable face aux épreuves. Cet attentat, loin d’éteindre leur foi, pourrait renforcer leur détermination à préserver leur présence millénaire en Syrie. Cependant, la récurrence de telles violences souligne l’urgence d’une action concertée pour protéger les minorités et garantir la stabilité dans un pays déchiré par des décennies de conflits.
En cette nuit tragique, les pensées du monde entier se tournent vers les victimes, leurs familles et une communauté qui pleure ses morts tout en cherchant à panser ses blessures. L’église Mar Elias, désormais marquée par le sang et les débris, reste un symbole de foi, mais aussi un rappel douloureux des défis qui attendent la Syrie sur le chemin de la paix.